
Le ministre indonésien de l'Economie, Airlangga Hartarto (au centre à g.), et le commissaire européen au commerce, Maros Sefcovic (au centre à d.), posent sur scène après avoir paraphé l'accord de libre-échange entre l'Indonésie et l'UE sur l'île indonésienne de Bali, le 23 septembre 2025 ( AFP / Sonny TUMBELAKA )
L'Indonésie et l'Union européenne (UE) ont conclu mardi à Bali un accord de libre-échange à l'issue de longues négociations qui se sont accélérées après la hausse des droits de douane américains.
Paraphé par le ministre indonésien de l'Economie, Airlangga Hartarto, et le commissaire européen au Commerce, le Slovaque Maros Sefcovic, le CEPA (Accord de partenariat économique global) va faciliter les échanges entre les 27 nations du bloc européen et la plus grande économie d'Asie du Sud-Est.
"L'UE et l'Indonésie envoient un message fort au monde selon lequel nous sommes unis dans notre engagement en faveur d'un commerce international ouvert, fondé sur des règles et mutuellement bénéfique", a déclaré M. Sefcovic.
Retardés notamment par l'épineuse question des produits issus de la déforestation, les pourparlers se sont accélérés après la décision du président américain Donald Trump d'imposer une hausse des droits de douane à de nombreux pays.
Alors que ses produits exportés vers les Etats-Unis sont désormais taxés à 19%, Jakarta s'est tourné vers l'UE pour obtenir un accès préférentiel. De leur côté, également visés par l'administration Trump, les Vingt-Sept cherchent à diversifier leurs partenariats commerciaux.
"Cette signature (...) a été finalisée en raison de la guerre tarifaire de Donald Trump. L'indonésie doit chercher un marché alternatif en Europe et l'Europe (...) a besoin d'un marché à pénétrer", a commenté pour l'AFP Bhima Yudhistira Adhinegara, directeur exécutif du Centre d'études économiques et juridiques de Jakarta.
- Droits de douane à 0% -
Selon l'accord, 80% des produits indonésiens exportés vers l'UE bénéficieront de droits de douane nuls, a indiqué M. Airlangga.
Cela devrait bénéficier aux principaux produits indonésiens, notamment les chaussures, les textiles, les produits de la pêche ou encore l'huile de palme, a-t-il ajouté.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à Riga, le 29 août 2025 ( AFP / Gints Ivuskans )
"Notre accord avec l'Indonésie crée de nouvelles opportunités pour les entreprises et les agriculteurs" et "nous assure également un approvisionnement stable et prévisible en matières premières essentielles", a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, citée dans un communiqué.
L'UE est le cinquième partenaire commercial de l'Indonésie, avec 30,1 milliards de dollars (25,6 milliards d'euros) d'échanges en 2024.
Avec cet accord, "il sera plus facile pour les produits de (l'UE) d'entrer" en Indonésie, un marché de 280 millions d'habitants, souligne Deni Friawan, chercheur au Centre d'études internationales et stratégiques (CSIS).
L'UE, en retour, ouvre des perspectives aux secteurs indonésiens comme le textile ou la chaussure, fortement concurrencés par le Vietnam, lequel a signé un accord commercial avec l'UE dès 2019, un an après Singapour.
L'accord permettra également des investissements en Indonésie, notamment dans des secteurs stratégiques tels que les véhicules électriques, l'électronique et les produits pharmaceutiques.
Au total, les exportateurs européens "économiseront quelque 600 millions d'euros par an en droits de douane sur leurs marchandises" entrant en Indonésie, ajoute le communiqué.
- Déforestation -
Les relations ont été tendues dernièrement entre Bruxelles et Jakarta du fait d'une interdiction d'importation proposée par l'UE sur les produits liés à la déforestation. Ceci a irrité l'Indonésie, important exportateur d'huile de palme. L'entrée en vigueur de cette législation a été reportée à la fin de cette année.
Mardi, la Commission européenne a proposé un nouveau report d'un an, de fin 2025 à fin 2026, de cette loi anti-déforestation, critiquée par une série de pays, dont les Etats-Unis, le Brésil et l'Indonésie.
La commissaire européenne chargée de l'environnement, Jessika Roswall, a expliqué que l'UE avait besoin de temps pour que la loi soit opérationnelle, en particulier le "système informatique" de surveillance des forêts.
L'accord signé mardi comprend un "Protocole sur l'huile de palme", visant à "maximiser le potentiel du CEPA pour soutenir le commerce d'huile de palme durable".
Il vise à établir "une plateforme de dialogue, notamment sur les évolutions réglementaires pertinentes pour le secteur de l'huile de palme", ajoute la Commission sans donner plus de détails.
Selon M. Airlangga, M. Sefcovic avait promis d'accorder un "traitement spécial" à Jakarta concernant la politique de déforestation.
Les défenseurs de l'environnement craignent que l'accord n'entraîne une accélération de la déforestation en raison d'une demande accrue d'huile de palme indonésienne.
"Les forêts naturelles restantes dans les concessions de palmiers à huile seront potentiellement défrichées dans un avenir proche (et) converties en plantations", s'inquiète Syahrul Fitra de Greenpeace Indonésie.
Les Parlements de chacun des 27 Etats européens et de l'Indonésie doivent encore ratifier le texte avant une entrée en vigueur espérer en 2027.
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